Village de la Marque
Nous sommes allés à la rencontre des habitants du village de la Marque dans la Ville de Hem. En fait il s’agit d’une maison de retraite. On dit « retraite » mais personne ne s’est retiré de quoi que ce soit à part du travail et de ses encombrements réguliers. On pourrait parler de maison de retour plutôt : retour à l’enfance, aux activités de loisirs, au copinage. Nous sommes donc allés à la rencontre « des habitants du village de retour à la vie de la Marque à Hem », Gaël Toumajan et moi. Lui orné de son casque et paré de son micro, moi de mon stylo et de mes oreilles. A nous deux, ça faisait un sacré paquet de questions. On avait pas le temps de toutes les poser tant les langues se délient et pendent. Tant mieux, on est curieux.
Dans « Fils unique d’une famille nombreuse » Willy fait 45 ans en 45 secondes. Nous, en terme de recueil, on est plutôt sur du 80 ans en une heure. On était essoufflés.
La Résidence de la Marque est une microville. Un village quoi !
Quand on arrive en voiture, on n’aperçoit qu’une petite maison plate en briques rouges. Des portes électriques coulissantes servent de frontières entre le parking et l’accueil. Des portes devant lesquelles il vaut mieux ne pas fumer une cigarette ou téléphoner. Elles détectent le moindre mouvement s’ouvre et se ferme constamment.
L’immense aquarium d’eau verdâtre et ses dizaines de poissons volants accueillent les visiteurs. Sous lui un canapé moelleux, sur lequel peuvent venir s’asseoir tous les résidents en quête d’un serrage de main.
Celui qui a l’habitude d’aller et venir dans ce hall c’est G. Il trouve un courrier à remettre ou à venir chercher. Cela est bon prétexte pour laisser croire qu’il est là « par hasard. » Mais tout le monde sait qu’il cherche une oreille à se mettre sous la dent. Et lorsqu’on le lui fait remarquer, il sourit malicieusement en disant « pas du tout ! » « c’est très rare ! »
Lorsqu’on décide de s’aventurer au-delà, on entre dans une sorte de dédale carré, des couloirs, des portes, des couloirs : au fond du couloir, à droite, puis au fond du couloir à gauche. Eux aussi en briques rouges, et au sol : du carrelage marron-marron. Derrière chaque porte un appartement pour une personne seule ou un couple. Entre « les quartiers » comme dit G., des petits salons. De grandes fenêtres laissent voir un jardin-cour intérieur, ainsi que les jardins de chacun de résidents. On peut deviner qui potage ou qui se passionne pour les nains de jardin ou pour les oiseaux en bois.
C’est un véritable petit village intérieur. Un peu de vie d’âge intérieur.
Il y a de la compagnie. Certains sont là depuis 20 ans, d’autres depuis quelques mois.
« Il faut s’adapter. Il faut dire qu’ici les personnes sont mélangées. Des fois il y’en à qui sont très abîmées ou handicapées alors c’est difficile de discuter. Au début j’ai eu du mal. Mais après je me suis fait une bonne copine et elle, elle m’a tirée. Quelle dynamisme ! Elle a insisté pour que je fasse les ateliers de mémoire et vraiment c’est bien. Pourtant j’ai de la mémoire… »
J’entre en retranscription… A suivre…
Louise