De 1985 à 1990, JmB devra cependant faire face au départ d’un certain nombre d’animateurs de structures sociales ou éducatives engagés dans le mouvement au départ et non remplacés. L’un des derniers sera Philippe Pachy, professeur à Camus, animateur généreux de son club théâtre, et premier président de l’association L’Aventure qui naît en 1986, conformément aux objectifs annoncés mais aussi à la demande de L’office Culturel d’Animation hémois qui a vu son comité théâtre devenir sa plus grosse activité avec un budget déjà trop conséquent.

Reprenant l’un des derniers thèmes titres du festival, « le théâtre s’est l’Aventure », la nouvelle association prend pour nom : l’Aventure. Son conseil d’administration regroupe outre quelques membres de droits, plusieurs jeunes des ateliers, des bénévoles parents ou non et des enseignants ou animateurs liés au mouvement. L’activité ainsi peu à peu se recentre autour du comité théâtre devenu association et de son principal – et permanent – animateur ; en dépit du développement des ateliers et des stages de tous ordres, notamment de deux stages reconnus perfectionnement d’animateur bafa.

En 1985, une tournée en Avignon est organisée, 30 enfants hémois , de 13 à 16 ans , partent en camionnette, durant 3 semaines afin de vivre ensemble autour du théâtre (Une semaine en Avignon avec les CEMEA, tournée dans des villages et colonies). Ces jeunes viennent de 4 groupes de théâtre, mais essentiellement de deux quartiers apparemment très différents : tout semblait les opposer encore en 1982. Les uns sont issus de l’immigration, habitent dans une cité réputée comme un ghetto, les autres sont enfants d’accédants à la propriété, (certes modeste) installés en France au moins depuis plusieurs générations. C’est la fusion.

D’autres tournées suivront. Avec d’autres. D’autres expériences aussi extraordinaires. Mais celle-ci a de particulier qu’elle est la première, et quasiment fondatrice de toutes les autres. Y compris de nature plus « privée ».

C’est également cette année-là, en Avignon, que prend corps le projet des premières rencontres régionales des jeunes.

La scène est à nous (rencontres régionales de la jeunesse)

Pendant 5 années consécutives, au week-end de la Pentecôte, du vendredi soir au lundi, se dérouleront sur la commune des rencontres qui vont marquer à jamais tous ceux qui y participeront : jeunes acteurs, encadrant; professionnels, simples spectateurs. Et qui détermineront bien des vocations. Chaque année, une bonne dizaine de troupes, venues après sélection de toute la région, rassemblant des jeunes âgés de 13 à 18 ans, encadrés ou non par des professionnels au sein d’un établissement scolaire ou socio-éducatif, viendront passer trois jours, nourris et logés (dans des conditions, pour au moins la première année dignes ( !), des pionniers qu’ils étaient pour jouer, regarder jouer, débattre (à n’en plus finir) entre eux ou avec des pros, participer à des ateliers ou des matchs d’impros

Ces rencontres seront entièrement organisées par l’Aventure – avec ses dizaines de jeunes bénévoles – en partenariat avec les CEMEA du nord qui s’impliqueront très fortement et de quelques personnalités comme Daniel Fatous. Le comité organisateur prendra très vite une autonomie certes associative mais pas financière. Car si la municipalité prêtera les locaux nécessaires (salle des fêtes, salle polyvalente, cantines, petites salles pour les ateliers) et y apportera une contribution financière décisive, si le FAS et la jeunesse et les sports soutiendront ce nouveau projet de l’Aventure, la région et le département resteront fort parcimonieux

En 1989, la Scène est à nous s’arrêtera. et principalement à la demande de l’Aventure. Pour plusieurs raisons. Le CA de l’Aventure ne souhaite plus supporter – au détriment de ses activités locales auxquelles justement il souhaite donner un coup de fouet – les charges de la Scène est à nous qui se sont de plus alourdies par des expériences menées sans nécessairement l’accord de l’Aventure… Ni la Région, ni le département, peut-être insuffisamment sollicités ne semblent déterminés. Son comité organisateur est divisé. Fatigué aussi. Les conditions de création et de fonctionnement sont précaires : un bureau en Mairie et deux préfabriqués qui prennent l’eau – anciennes salles de classe – mis à disposition pour les répétitions , la confection et l’entreposage des décors et des costumes. Même si sont assurés par la Mairie de Hem, les salaires du directeur artistique et du régisseur.

Dans la même année, un sondage, auprès des ados et enfants des ateliers, met en avant leur motivation à participer aux ateliers : L’ambiance, les amis , la convivialité , le caractère familial et non institutionnel des activités. Localement, l’objectif d’échange et de rencontre est entièrement atteint. Mais son CA souhaite que localement les activités se développent davantage.